Jardin au collège
Posté le 05/11/2016
Jardin au collège
Durant 3 années, nous avons suivi et encadré un projet «mains vertes » au collège St Laurent de Blain, une fois par semaine le midi. Une activité reconnue et encouragée dans le cadre du « projet éducatif local ». Des jeunes motivés que nous avons pour la plupart suivis de la sixième à la quatrième… Mais l’an dernier, malgré plusieurs rappels de l’engagement vis-à-vis du Pays de Blain, on nous a oubliés…
Et voilà que nos jeunes vayens, de plus en plus nombreux dans l’association, nous sollicitent pour un projet semblable dans le collège où ils sont majoritairement scolarisés : St Jo – Nozay. En voici la présentation par Monsieur Guilloteau :
« Ce jardin « Sème ton pota’Jo » a vu le jour en novembre 2014. Proposé par M. Guilloteau, professeur de SVT, rejoint par Mme Hay, professeur d’anglais, ce projet a bénéficié du prêt d’un terrain de 800 m² à proximité du collège, terrain appartenant à la famille de Mme Provost, documentaliste au collège.
L’objectif premier est de fédérer les élèves sur un même projet, leur permettre de dévoiler leurs compétences et leurs connaissances du vivant, appréhender la biodiversité et réfléchir au cycle de la matière au sein d’un collège (de la production d’aliments au recyclage des déchets).
Les réalisations faites depuis le début du projet :
Des toilettes sèches
Un poulailler (2 poules « en retraite » actuellement nourries à partir des déchets du self)
Deux composteurs
Un cabanon
Un bac à aromatiques
Une serre en bouteilles plastiques »
Dans un premier temps, les jeunes souhaitent me présenter leur « jardin » créé l’an dernier… et je cède malgré la distance. Il faut dire qu’ils ne ménagent pas leur peine pour convaincre. Ainsi, lors du « forum des associations » à Blain, ils repèrent leur prof d’anglais qui encadre l’activité. Bien sûr, ils la conduisent à notre stand. Emporté par le tourbillon dynamique de cette enseignante, je conviens d’un premier RDV le jeudi suivant 15/09. Paul me remet un plan d’accès et promet d’être présent au portillon avec Romain, Amélie, François… Plus de tergiversations possibles…
Première rencontre donc sur le terrain situé à une centaine de mètres du collège au milieu de jardins particuliers. Première impression : un champ à l’abandon. Toutefois, au milieu des grandes herbes sèches, on devine les carrés cultivés l’an dernier, dispersés dans un désordre hasardeux. Sous la haie, un coin « compost ». Au milieu, deux cabanons un peu branlants, construits par les jeunes, abritent outils et toilettes sèches. Deux enseignants accompagnent le groupe.
Vu l’état du terrain où même la fourche à bêcher refuse de pénétrer, je suggère le passage préalable d’un motoculteur…, mais les enseignants sont allergiques à ce type d’engin. Encourageants, disponibles pour les achats, ils acceptent aussi de mettre la main à la pâte et arrachent les grandes herbes à la main !
C’est plutôt à la houe – un outil peu connu ici semble-t-il -, et dans un joyeux désordre, que les jeunes se mettent au travail. J’apprends qu’un autre terrain régulièrement cultivé jusqu’à présent est disponible. Mais peut-on abandonner ce site qui a vu leurs premiers pas de jardiniers ? Et il y a des récoltes : « presque autant de tomates qu’au Martrais », me fait remarquer Romain !
Tandis que la moitié du groupe se lance dans les récoltes (des tomates cerises, deux courgettes rondes, quelques épis de blé et d’avoine que l’on égraine), les plus courageux commencent à dessiner allées et carrés potagers. Romain transporte l’herbe coupée vers le composteur. Mais le groupe, légèrement surexcité, manque de stabilité. On lâche la fourche pour l’arrosoir, on change d’outil, de lieu…
Pour une activité efficace et satisfaisante à plus long terme, je pense qu’il faudra améliorer l’organisation : 2 ou 3 jeunes par carrés avec un programme défini en commun au début de chaque séquence.
Un « bébé orvet », un « ver blanc » viennent distraire les travailleurs et font l’objet de multiples commentaires. Puis vient l’heure de rentrer pour une présentation aux « sixièmes », parmi lesquels on espère séduire quelques candidats jardiniers – « mais pas trop », précisent les jeunes désireux de rester maîtres des lieux.
Depuis le groupe s’est étoffé – beaucoup de vayens parmi les jardiniers – et l’organisation que j’avais préconisée s’est mise en place. On s’affaire dans les « carrés » choisis par 2 ou 3. Même les profs mettent la main à l’outil ! Et sérieusement : faute de houes en nombre suffisant, ils piochent… et leur espace prend forme.
Personnellement, je rejoins deux jeunes, l’un de Vay, l’autre de Treffieux. Un Thomas bavard, souriant et volontaire, un Hugo plus silencieux mais non moins actif. Plus tard viendra Lucas. Plus timide, il n’ose entreprendre seul et attend qu’on lui confie une tâche.
Dès la fin de la première heure, malgré un sol sec où fourche et grelinette refusent de s’enfoncer (les plus acharnés tordront même des doigts de l’engin), malgré aussi l’insuffisance d’outils, le travail avance, le carré surélevé prend forme, les allées se dessinent… Un arrosage avant le départ et l’arrivée de la pluie permettront d’avancer la prochaine fois.
Enzo et Paul progressent bien également. Plus loin, Romain qui a choisi de travailler seul, Amélie et sa collègue, peinent davantage. Deux costauds de troisième – l'un vayen, l'autre nozéen - ont dégagé une belle surface. Il faut dire qu’ils reviennent le week-end travailler leur terrain divisé en 2 parties devant lesquelles se dresse une pancarte qui atteste de leur fierté de jardiniers.
Lors de la troisième séance, en présence d’observateurs qui mettent vite la main à la terre, Thomas et Lucas puis Thylan procèdent aux premiers semis : du cresson alénois bio. Sous l’œil attentif d’Hugo, Thomas ajoute des boutures de romarin enduites de salives en guise d’hormones, un croisement que l’on espère efficace !
L’herbe humide mêlée à la terre salit les chaussures. Il faudra prévoir bottes ou rechange pour les semaines à venir. Et bien sûr d’autres outils, des semences et plants de saison, un paillage ou couvert végétal (de la phacélie par exemple)... L’apport d’une débroussailleuse permettra l’entretien autour des carrés. François – toujours plein d’idées – imagine un cheminement de carré en carré : des allées creusées, sablées ? couvertes de sciure ? de cartons ? Je propose des espaces communs : pommes de terre, plantes aromatiques… Voilà un jardin qui semble bien parti avec des profs et des jeunes motivés !
Au fil des séances, les outils arrivent – Ah, les houes que l’on se dispute ! – et la partie jardinée s’étend. En l’absence de pluie, il faut continuer l’arrosage. On trie chiendent et liserons destinés au compost, écrase les mottes, râtisse pour égaliser le terrain... Les premiers semis sortent de terre. On ajoute plants de radis et salades d’hiver, mélisse au parfum citronnée… La menthe est en commande ainsi que les bulbes de fleurs qui agrémenteront le pied de la pancarte à l’entrée du terrain, certains parterres aussi. Des allées sont en chantier pour relier les parcelles où chacun rivalise de talent et d’ingéniosité, où peinent également des groupes à l’effectif moins stable. J’entends un jeune qui envisage un retour le week-end et veillera à ne plus avoir de travail en retard pour ne pas manquer les rendez-vous du jeudi ! Et n’oublions pas les poules : une organisation se met en place pour leur rendre une petite visite et les nourrir chaque midi avec des épluchures et restes du self. En l’absence des jardiniers, une chatte et ses petits leur tiennent compagnie…
Après les vacances de la Toussaint, retour sur le terrain. Quelques herbes se dressent sur les carrés, pas toujours désirées. Il faut donc commencer par un peu d'entretien, puis les jeunes s'activent à l'agrandissement des parcelles, aux plantations aussi. En effet, Mme Haye et Laurent ont apporté fleurs et légumes. Des ardoises permettent d'identifier les nouveaux venus.
Paul ne tient pas en place, il va de carré en carré, s'agite un peu vainement tandis que ses "colocataires" Enzo et Guillaume peaufinent leur parcelle divisée en petits carrés séparés par des ardoises. A eux l'initiative! A proximité, Thomas, Hugo et Lucas agrandissent leur territoire et complètent les plantations. Lucas a pris beaucoup d'assurance. Lui qu'on n'entendait pas auparavant n'hésite pas à prendre des décisions le sourire aux lèvres. Les aînés, François et Thylan montrent une parfaite entente et une pleine autonomie. Amélie et son collègue avancent vaillamment et comblent leur retard. Edwin supplée au mieux à l'absence de Romain qui traîne encore des devoirs en retard... Quant aux profs, ils collectent les feuilles d'automne pour recouvrir leur parcelle. Une activité à poursuivre durant les semaines à venir pour favoriser une saine activité du sol durant l'hiver. Même les allées méritent ce manteau d'hiver... Soudain, alerte! L'un des côtés du cabanon branlant vient de se coucher à terre. Fatigante la station verticale? Insuffisant le soutien des pointes? Atelier "consolidation" à prévoir lors des prochaines séances. Paul propose un mur de palettes (comme au jardin du Martrais). M. Guilloteau est chargé de se procurer les matériaux...
Laurent